L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte ce qui est perçu comme un étant un blocage politique au Congo, insiste sur la nécessité pour les congolais, de constituer des collectifs citoyens pour prendre le leadership sur les questions de justice et de réconciliation, entre autres, analyse comment s’opère la corruption au Congo et explique pourquoi la guerre d’usure fragilise le Congo et les congolais.
Sur le blocage politique au Congo
Il y a du côté du Rwanda et du côté de l’Ouganda, la volonté ferme de ne pas quitter le Congo. Vous avez là des questions, que ceux qui sont supposés faire la politique au Congo ont purement simplement oublié. Ils ne veulent plus débattre de ces questions là, et pourtant, c’est de cela qu’il est question.
Sur la création d’un tribunal pour le Congo
Pour le professeur Thierry Landu, le dialogue est une esquive qui pourrait protéger ces rapaces que nous retrouvons, et dans l’opposition, et dans la majorité présidentielle.
L’une des solutions à ce blocage qui a des causes matérielles et historiques évidentes, c’est de pouvoir d’abord instituer un tribunal pour le Congo. Qui peut aujourd’hui, dans cette classe politique, oser dire : Nous sommes face à un blocage, comme il y a dans nos deux camps, des criminels de guerre, des criminels économiques et des criminels contre l’humanité, le Congo ne peut pas s’en sortir sans qu’il y ait eu un tribunal qui juge les criminels et les mette en dehors du processus politique du pays. Vous ne pouvez pas aller aux élections avec des criminels de guerre, des criminels économiques et des criminels contre l’humanité. Pourquoi ? Parce que vous favorisez leur maintien aux postes étatiques alors que leur place en principe devrait être en prison.
C’est à ce niveau là que nous pouvons juger notre classe politique.
La mise en place, en bonne et due forme d’un tribunal pour le Congo, est essentielle parce que l’une des causes de ce qui est en train de se passer actuellement, c’est que beaucoup de ces criminels sont restés impunis depuis les années 1990 à ce jour.
Sur la nécessité de constituer des collectifs citoyens
Les citoyens congolais devraient se dire ceci. Avant d’être de la société civile ou de l’opposition, ils sont avant tout des citoyens congolais. C’est au nom de ce dénominateur commun qu’ils peuvent créer des collectifs qui travaillent, par exemple, sur la question de la justice au Congo. D’autres collectifs pourraient travailler sur la question de la vérité historique et de la réconciliation.
Depuis qu’il y a eu la guerre, certaines propositions ont été faites mais n’ont jamais été mises en pratique. Le pays traîne. Et vous n’allez pas rajouter à des questions non résolues, d’autres questions. Voilà pourquoi nous prônons de plus en plus, la constitution de collectifs citoyens qui puissent s’attaquer à la question de l’impunité.
Sur le front citoyen
Sur l’option du peuple congolais
Sur la corruption au Congo
Il y a une confiscation des biens de tout un peuple, par un groupe de mafieux, qui a paupérisé plusieurs d’entre nous. Et maintenant, plusieurs d’entre nous sont en train de saliver, de vouloir aller vite à la mangeoire. Et comment, on va la mangeoire ? On flatte ceux qui, en tant que seigneurs de la guerre, se sont emparés des biens du Congo. Voilà l’imbroglio dans lequel nous nous retrouvons aujourd’hui.
Sur la guerre d’usure
Ce n’est pas monsieur ou madame tout le monde, qui peut résister à cette guerre d’usure qui dure de plus déjà deux décennies. Et nous ne pouvons pas jeter la pierre à ceux qui sont fatigués. Mais ceux qui résistent et peuvent résister, c’est ceux qui ont la maîtrise de l’histoire. Voilà pourquoi il faut, à tout moment, lire et relire l’histoire liée à cette guerre. Si nous perdons de vue les références historiques liées à cette guerre, nous allons nous comporter comme ces prédateurs qui n’attendent que de corrompre le plus possible les congolais pour être reconnus comme sapeurs pompiers alors que ce sont des pyromanes. Aller à la mangeoire a un prix et le prix à payer est de pouvoir reconnaître aux seigneurs de la guerre l’identité de politiciens, et donc enfoncer davantage le Congo dans cette guerre d’usure.
Sur le sursaut patriotique
Sur Kabila
Nous souhaitons tous que le sang congolais ne coule plus. Mais qui fait couler le sang au Congo ? Pourquoi ne pas initier une autre démarche pour qu’il soit arrêté et mis hors d’Etat d’agir ?
Surtout que Kabila n’a aucune initiative, c’est une marionnette des puissances occidentales.
Sur la constitution congolaise
Nous devons pouvoir, à partir du travail que fait le professeur Mbata, aller au-delà de la simple analyse des textes. Nous devons pouvoir produire des textes qui nous engagent nous, en tant que citoyens. Pour cela, il faudrait d’abord résoudre, prioritairement, la question de la gouvernance.